Monsieur le Premier Ministre,
Honorables Présidents du Sénat de la République,
Mesdames Messieurs les ministres,
Mesdames Messieurs les représentants du secteur privé des affaires et de la société civile et des organismes internationaux,
Monsieur le Lauréat du Prix Nobel d’Economie
Monsieur le Président du Centre de Consensus de Copenhague
Distingués invités,
Mesdames, Messieurs

Je voudrais, d’abord féliciter le Centre de Consensus de Copenhague pour son approche participative dans le cadre de l’élaboration du rapport « Haïti Priorise ». Mes félicitations s’étendent au lauréat du Nobel d’économie Monsieur Vernon SMITH pour sa présentation claire et concise du retour sur investissement des choix de politiques publiques que pourrait adopter l’Etat Haïtien. Je voudrais aussi saluer la présence du Président du Centre de Consensus de Copenhague pour avoir engagé cet important travail de revisiter les objectifs de développement durables (ODD) définis par les Nations Unies en les mettant en perspective avec leur but ultime qui est l’amélioration des conditions de vie des peuples dans un souci d’efficacité mais surtout d’efficience dans l’utilisation des ressources. Je profite pour vous exprimer ici toute ma reconnaissance et par ma voix, celle de tout le peuple haïtien, de votre marque d’attention à notre chère Haïti, de choisir de travailler sur ses défis avec les économistes du pays pour des solutions innovantes.

Je vous souhaite la plus cordiale bienvenue dans la maison du peuple.

Chers amis invités,
Mesdames, Messieurs,

Ce rapport parait dans un moment particulièrement stratégique, celui du début de mon quinquennat et de l’élaboration du nouveau plan triennal d’investissement 2017- 2019. Il contribuera, sans aucun doute, dans les réflexions sur les choix de politique publique à mettre en œuvre, car certaines orientations sont déjà dans les feuilles de route des ministres fraichement installés. Il inspirera aussi, nous le croyons, les parlementaires dans les discussions sur les priorités et les choix budgétaires.

La folie, disait Albert Einstein, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent à chaque fois. Il est clair, en tenant compte des résultats obtenus dans le contexte des 30 dernières années en Haïti, que nos façons de faire méritent à être revisités, que ce soit au niveau du gouvernement ou des institutions du pouvoir d’Etat, que ce soit au niveau des partenaires du développement ou même de celui de la société civile. Les défis conjoncturels et structurels qui entravent le développement économique et social du pays exigent, que dis-je, commandent de faire autre chose et surtout de le faire autrement. Il n’est pas nécessaire de rappeler ici l’importance de la stabilité sociopolitique pour la croissance économique et le progrès social. Ce sont des variables interdépendantes d’une même équation. Toutefois, les dividendes de cette équation dépendront de la qualité de l’investissement affectée aux infrastructures et aux services sociaux de base pour les prochaines années. A cet égard, je voudrais élaborer sur certains défis prioritaires et les leviers que j’ai choisis pour soutenir ma vision.

Mesdames, Messieurs

La vision du Plan Stratégique de Développement d’Haïti (PSDH) exige des investissements pour soutenir une croissance à deux chiffres sur une base annuelle. Les prévisions pour cette année sont très faibles, tenant compte de l’impact de l’ouragan Mathieu qui a causé des dommages équivalents à près de 32 % du Produit Intérieur Brut (PIB) et de la longue et incertaine période électorale qui a détérioré les paramètres économiques déjà fragiles. La pesanteur de cet héritage exige la convergence des forces vives du pays pour nous permettre de nous en sortir durablement.

Les défis sont connus et les urgences sont partout. Cependant, j’engage ma présidence sur un certain nombre de domaines qui sont considérés plus prioritaires que d’autres. Mon administration s’attèle au combat contre l’extrême pauvreté touchant près de 24 % de la population et de l’insécurité alimentaire qui a augmenté ces deux dernières années à cause de la sécheresse et des effets du changement climatique. Je veux des solutions qui s’attaquent aux racines du problème. A cet effet, je viens de lancer hier la caravane de changement » pour la réhabilitation et la construction des infrastructures agricoles sur la plus grande plaine rizicole du pays dans l’Artibonite. Elle se poursuivra au fur et à mesure sur tout le reste du pays. Son objectif principal est la mise en valeur des principales plaines du pays par l’accès à l’eau, aux intrants et itinéraires techniques afin d’augmenter la production agricole. La Caravane permettra aussi de construire des pistes agricoles pour faciliter l’écoulement des produits des champs aux lieux de stockage, de transformation et aux marchés. C’est une approche holistique qui comprend aussi bien l’accès aux services de bases aux communautés rurales. Ainsi, certaines communes rurales bénéficieront des « Sant Tout Kalite Sevis » qui seront des pôles de services de base, déconcentrés, pour les populations rurales.

Le second défi est le développement d’une économie résiliente et compétitive. La nature met nos mornes à nu et nos villes à genoux durant ces dernières décennies. Notre position géographique, tout en nous dotant d’une beauté unique, nous met aussi sur la trajectoire des cyclones. Le développement de l’économie exige la maitrise des risques naturels et la construction d’un écosystème respectueux des principes de développement durable.

La maitrise de l’eau, le reboisement et la protection des bassins versants doivent contribuer dans le développement de la résilience de nos villes et de notre agriculture. Les nouveaux plans d’aménagement de nos villes doivent intégrer les dispositifs devant leur permettre de résister aux risques naturels.

Je voudrais insister sur deux autres facteurs qui vont améliorer la compétitivité de notre économie. D’abord, l’amélioration de la qualité de la main d’œuvre par l’amélioration de la qualité des investissements dans la formation des enseignants et dans la réforme de la politique de la petite enfance. Dans le court et moyen terme, la formation dans les sciences et les techniques doivent nous permettre de combler le déficit de techniciens dans les secteurs du textile, de la construction, des télécommunications et de la mécanique.
Ensuite, je vais fortement supporter la mise en œuvre de la réforme et d’investissements importants dans le secteur énergétique afin qu’il puisse être un facteur de croissance et d’amélioration de la compétitivité de notre économie. A la fin du mandat, je voudrais que le pays soit doté d’au moins 600 Mégawatts en plus des 200 Mégawatts actuellement.

En outre, notre économie sera prospère pour autant qu’elle se repose sur des institutions fortes. Je suis convaincu que le renforcement des institutions et la bonne gouvernance amélioreront la qualité de vie de l’ensemble de la collectivité. Ce défi, le pouvoir exécutif le partage avec le pouvoir législatif. Ces deux pouvoirs viennent de s’engager devant la Nation sur un agenda législatif qui dotera le pays des pratiques légales conformes aux standards internationaux dans la conduite des affaires. Le nouveau cadre légal proposé renforcera, à coup sûr, les institutions et protègera les droits des citoyens. En particulier, la charge des entrepreneurs et investisseurs sera allégée dans leur démarche d’enregistrement d’une entreprise, l’accès au crédit et les droits des créanciers seront tout aussi bien protégés. Mon expérience d’entrepreneur m’enseigne en mettant en place les bonnes incitations et en créant un environnement économique favorable, le pays peut facilement décupler ses possibilités d’investissement et de création d’emplois.

Mesdames, Messieurs,

Les réponses aux nombreux défis du pays nous engagent sur l’avenir. Les études telles que « Haïti Priorise » a le bénéfice d’interpeller l’administration sur des solutions alternatives et d’établir un dialogue continu avec la société civile.
Je formule le vœu que ces initiatives puissent se multiplier en intégrant l’université et d’autres centres de recherche en Haïti. Le devoir nous appelle à relever la Nation à la dimension de la vision glorieuse de nos pères fondateurs et de l’ambition de ce pays que nous voulons laisser en héritage à nos enfants.

J’invite les membres du Gouvernement, le secteur privé des affaires, les groupes organisés de la société civile et les amis d’Haïti à s’approprier les conclusions de ce travail majeur et à se joindre à nous dans la construction des fondations pour une croissance économique inclusive, solidaire et le développement durable.

Je vous remercie.