Peuple haïtien, Haïtiens,

Haïtiens vivant dans les 4 coins du pays, et en diaspora,

Policiers,

12 juin 1995 – 12 juin 2020 marque le 25e anniversaire de notre Police Nationale. Cela fait 25 ans qu’une équipe de jeunes hommes et de femmes s’est battue pour accomplir une tache noble, dure et ingrate, qui est de protéger et de servir le peuple. Et en me protégeant et en me servant, vous, nos frères, nos sœurs, nos familles, beaucoup d’entre eux ont perdu la vie. Au nom de chaque Haïtien, je voudrais vous demander d’observer une minute de silence en honneur de tous les policiers tombés ces derniers jours à cause de la pandémie du coronavirus.

Mesdames, messieurs, policiers,

Ce 25e anniversaire est célébré dans un contexte particulier dû au coronavirus. Nous aimerions célébrer de manière grandiose, de grandes cérémonies religieuses, de grands défilés avec de nombreux policiers marquant le pas. Mais malheureusement, le coronavirus nous en empêche.

Je veux saisir cette occasion pour rendre hommage à toutes les forces de police pour leur courage, pour leur engagement dans la lutte à côté des autorités sanitaires pour lutter contre le coronavirus. En faisant observer les mesures-barrières et toutes autres mesures adoptées dans la lutte contre cette pandémie. En assurant la sécurité des centres de santé et de toutes les autres structures mises en place pour accueillir les malades nécessitant des soins. Le pays est très heureux et vous remercie pour les grands efforts et sacrifices que vous déployez pour sauver nos frères et sœurs.

25 ans ce ne sont pas 25 jours, certains d’entre vous sont là depuis le début de la police, ce qui signifie que vous avez beaucoup d’expérience, c’est pourquoi il est important de regarder d’où nous étions avec l’institution. Où nous en sommes aujourd’hui et quel chemin nous avons décidé de suivre. Je veux que nous sachions que la police vient du ventre du peuple. Il existe pour le Peuple. Aujourd’hui, le peuple et la police ont un ennemi commun. Vous savez qui est cet ennemi: c’est l’insécurité.

Cette insécurité répand la mort dans le camp du peuple et dans le camp de la police. Beaucoup de personnes mal intentionnées veulent créer la division entre la police et le peuple. La formule diviser pour régner ne peut plus fonctionner. Aujourd’hui, c’est en construisant une chaîne de solidarité, en s’aidant mutuellement que nous pouvons conduire le pays vers la voie du changement dont nous rêvons tous. Ce n’est pas en défendant nos intérêts personnels, ni en défendant les intérêts d’un petit groupe de personnes que nous pouvons créer un pays où chacun peut vivre librement dans la paix et la sécurité.

Policiers,

C’est par le dialogue, la parole et l’écoute que nous pouvons résoudre tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui. La police doit protéger et servir le peuple. Et cela doit toujours rester dans la tête de chaque policier, du Directeur général à l’Agent 1. La police est une grande famille. Les policiers sont des frères et sœurs quelle que soit leur origine sociale, nous sommes frères et sœurs parce que nous sommes tous sortis de la matrice du peuple.

Haïti est fatiguée des divisions, du « ôtes toi que je m’y mette ». Le pays est fatigué avec le système d’oppression et de diviser pour régner. Aujourd’hui, nous sommes les enfants d’un seul pays, nous n’avons qu’un choix: c’est de nous unir pour lutter contre tous ceux qui ne veulent pas la paix, la sérénité et la stabilité dans le pays.

Mes sœurs et frères,

Dans une démocratie, nous n’avons pas à nous mettre d’accord sur tout, mais à ce carrefour difficile où se trouve notre pays aujourd’hui, nous devons trouver une entente sur nos désaccords, pour que de bonnes réformes puissent avoir lieu dans le pays dans les domaines social, politique et économique. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons faire face à un front commun contre le chômage, la vie chère, l’insécurité et l’exclusion. La lutte que je mène contre un petit groupe qui veut imposer ses propres lois au pays nécessite le soutien, la compréhension et le dépassement de soi des élites car le système d’oppression n’est bon pour personne. Comme je le dis toujours, le pays doit prendre une direction différente.

Le changement n’est jamais facile, surtout lorsqu’il s’agit d’une série de secteurs où le trafic d’influence, etc. existait, mais je vous dis chers policiers, en Haïti, le peuple vous demande de faire un sacrifice pour lui parce que, quand il faire jour c’est à ce moment-là qu’il fait plus sombre. Il faut crever l’abcès un jour de toute façon. Aujourd’hui, il n’y a plus moyen de cacher la vérité, le moment est venu pour le peuple de respirer, de se soulager.

Plusieurs fois, il y a des gens qui ne comprennent pas le sens de la lutte, mais je profite de cette grande journée pour vous dire que la véritable voie du changement est la voie de la réforme, nous ne pouvons pas parler de pays, de lendemain meilleur si nous n’acceptons pas de faire le sacrifice aujourd’hui. Les choses sont difficiles, je le comprends, et je le sais, mais je vous dis, mères et pères de famille, que si aucune décision difficile n’est prise aujourd’hui, les choses vont empirer demain.

Des efforts importants seront faits pour construire d’importantes infrastructures, des aéroports, la reconstruction des systèmes d’irrigation dans le Sud et le Nord, la livraison de dizaines de tracteurs agricoles dans le Nord et le Nord-est, des systèmes de pompage solaires pour irriguer les champs seront installés dans de nombreuses régions du pays et principalement dans les régions Nord, Nord-Est, Nord-Ouest et l’Artibonite. Les gens du Sud, des Nippes, de la Grand’Anse, de l’Ouest, du Sud-Est et du Centre, je vous prie de prendre patience, les systèmes de pompe à énergie solaire sont déjà dans le pays, nous attendons que la pandémie de coronavirus nous permette de continuer avec les installations.

Des routes sont en cours de construction dans de nombreuses régions du pays. Pour l’électricité, je sais que le ministre des Travaux Publics fait beaucoup d’efforts pour améliorer la situation. Je demande à l’EDH de s’activer car l’électricité fait partie de ce qui reste aussi. Mais je voudrais également vous informer qu’il y a beaucoup de projets qui sont à leur phase finale exécution dans le plan de réforme de l’électricité. Je vais devoir les communiquer dans peu de temps.

N’oubliez pas que je vous ai dit en matière d’électricité, quand il faut manger un œuf, il faut le casser d’abord. Le bébé accouchera quand même, même si faudrait faire une césarienne, et nous sauverons à la fois la mère et le bébé. Les mots parlent, les mots se comprennent.

Les choses ne sont pas faciles mais nous n’arrêtons pas pour simplement regarder, c’est pourquoi je demande à tous ceux qui perçoivent un salaire de l’Etat d’accomplir leur travail car ils sont tous là pour servir le peuple. Je travaille jour et nuit pour m’assurer que le reste de mon mandat est pour vous. Quand vous voyez un technicien travaillant pour l’État arriver dans votre région, il faut lui donner tout l’accueil qu’il mérite, ne laissez personne vous faire commettre des bêtises car le projet qu’il est venu réaliser va rester au bénéfice de votre localité.

Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,

La Police Nationale Haïtienne fête ses 25 ans. Que de chemins parcourus par l’institution policière pour remplir seule aujourd’hui sa noble mission qui est de protéger et servir.

Au cours des derniers mois, il y a une certaine turbulence au niveau de la PNH due à un ensemble de revendications qui pourraient se faire avec beaucoup plus de sérénité et de calme. J’exhorte les policiers et les policières de ne jamais se laisser prendre dans ce piège qu’est la discorde. Nous sommes dans une mutation sociale. Nous avons besoin de beaucoup de sérénité. Nous ne devons pas laisser de place à la méfiance entre la population et la police. Le peuple haïtien souffre d’une insécurité grandissante.

Les professionnels de la Police doivent prendre en compte du besoin de sécurité exprimé par le citoyen dans sa vie quotidienne.

Aujourd’hui, quelqu’un qui fréquente un commissariat doit se sentir chez lui. Et cela doit passer par des gestes simples qui mettent en confiance le citoyen à travers un bon accueil, une bonne écoute et une orientation de l’usage au sein de l’institution policière. Les responsables de la PNH l’ont compris et agissent vite pour panser les plaies d’une structure sans laquelle, toute vie deviendrait impossible. L’objectif que doit viser l’institution policière est de restaurer un climat de confiance entre la Police et la population.

La volonté du gouvernement est d’instituer une Police de proximité visant à répondre aux besoins de la sécurité des citoyens. Après 25 ans d’existence, la PNH a acquis suffisamment de maturité et d’expériences afin de s’organiser pour répondre aux besoins de sécurité exprimés par la population. La PNH n’a pas seulement grandi en maturité, elle a aussi grandi en effectif de qualité pour répondre aux énormes défis rencontrés. Je sais que la tâche est immense et les enjeux sont énormes. Le peuple veut compter sur votre bonne volonté et vos capacités à surmonter les défis de tous genres auxquels vous aurez à faire face.

Je veux dire également, à l’occasion du 25eme anniversaire de la PNH, un grand merci à nos partenaires de l’international. Je veux parler des USA, du Canada et de la France qui ont porté la PNH sur les fonds baptismaux. Si aujourd’hui la PNH est ce qu’elle est, une bonne partie de son succès vous est due. J’espère que vous allez continuer à assister l’institution policière qui confronte encore d’énormes difficultés en son sein. Aujourd’hui, encore elle a besoin de votre soutien.

Bonne fête à la PNH et que Dieu bénisse l’institution !

Je vous remercie